La kératinisation et l’évolution des cellules de l’épiderme

En étudiant la structure histologique de la peau, vous avez pu vous rendre compte des transformations progressive que subissent les cellules épidermiques au cours de leur passage dans les différentes couches, depuis leur « naissance » dans la couche basale germinative, jusqu’à leur « mort » dans cette portion de la couche cornée, dite desquamante.

Encore vivantes, jeunes et gorgées de suc dans le corps muqueux de Malpighi, à leur sortie de la couche germinative, elles commencent à vieillir et au bout de 30 jours, durée approximative de leur « voyage » vers la couche cornée, elles ne sont plus que des déchets cornés.

Cellules

Cellules

La kératinisation peut donc être définie ainsi : un processus de vieillissement, de dégénérescence, au cours duquel les cellules épidermiques :

  • se dessèchent lentement
  • s’infiltrent d’une substance particulière, la kératine,
  • se transforment en un matière résistante ayant la consistance, l’aspect et, lorsqu’on la brûle, l’odeur de la corne

Cette « matière » forme à la surface du corps un revêtement, une sorte de vernis protecteur.

La présence de ce revêtement est tellement importante pour notre organisme que la couche basale de l’épiderme est en état de mitose, de « production », continue (et cela depuis les premiers mois de la vie foetale) pour renouveler ses éléments qui sont constamment en voie de dépérissement et qui se détachent de la surface cutanée spontanément ou sous l’influence des soins hygiéniques habituels.

Bien que le phénomène de la kératinisation soit très complexe dans ses mécanismes intimes et demeure encore très obscur, il faut que tout le monde  puisse comprendre en quoi il consiste car tous les troubles qui gênent le fonctionnement normal de son processus influencent l’évolution des cellules et par conséquent l’aspect et la beauté de la couche cornée.

Nous allons nous efforcer de l’exposer le plus clairement possible

La division des cellules

Vous savez qu’en se divisant par division indirecte, par caryocinèse, les cellules de la couche germinative donnent naissance à des cellules jeunes.

Vous savez aussi que  » détachée de la portion supérieure d’une cellule, la cellule nouvelle est à son tour repoussée par une plus jeune. Les éléments montent ainsi peu à peu et chacun d’eux est appelé à faire successivement partie des diverses couches ».

Des filaments importants

Une fois passées de la couches germinative dans le corps muqueux de Malpighi, et plus précisément dans la portion de ce corps qui porte le nom de « couche filamenteuse », les cellules, qui était « collées », tassées les unes contre les autres, tendent à devenir indépendantes.

Elles commencent à se détacher, à se séparer, mais elles demeurent toujours unies par des filaments de nature protoplasmique.

Ces filaments ne jouent pas seulement le rôle de charpente du corps muqueux mais aussi, semble-t-il un rôle biologique qui n’est pas encore complètement élucidé.

La karatoyaline

Dans la couche granuleuse les filaments qui reliaient les cellules entre elles disparaissent : il n’en reste plus que des embryons.

Les cellules y détachées les unes des autres et commencent à montrer les stigmates du vieillissement :

    • elles sont aplaties de haut en bas
    • leur noyau présente les premiers signes de l’atrophie
    • leur protoplasme est envahi par les granulations d’une substance particulière : la karatoyaline
Épiderme

Épiderme

Sa nature et son rôle sont encore très discutés.

Il semble actuellement que la kératoyaline n’intervient pas dans la formation de la matière cornée mais dans la formation de la graisse cutanée qui apparaît au cours du processus de la kératinisation.

La kératine

Dans la couche transparente de vieillissement des cellules est tout à fait avancé elles :

  • n’ont à peu près plus de noyau
  • sont réduites à des lamelles cornées « transparentes » littéralement imbibées d’une autre substance, la kératine, qui « remplace » la kératoyaline, dont les granulations ont disparu

La couche transparente est le « point central » du phénomène de la kératinisation.

La Kératine c’est « la substance fondamentale des productions tégumentaires et cornées » :

  • cheveux
  • poils
  • laine
  • ongles
  • sabots
  • corne
  • plumes…

Particulièrement riche en soufre et en azote, elle est formée d’acide aminés, dont 3 fondamentaux :

  • la tryptophane
  • la tyrosine
  • la cystine

Ces trois acides « semblent se combiner avec une grande rapidité et suivant des modalités variables, au niveau des diverses régions de la cellule ».

Il en résulte des variété de kératine :

  • kératine A : très résistante ; c’est la kératine des cheveux
  • kératine B dite molle : c’est la kératine de l’épiderme

La production de kératine et par conséquent l’importance de la kératinisation de l’épiderme de surface, et soumis à des influences :

  • hormonales
  • vitaminiques

« On ignore le mécanisme intime de ces action » et « les causes qui président à l’élaboration du processus de la kératinisation sont encore très discutés ».

Mais il paraît que l’air sec extérieur y intervient puisque si on expose à l’air une parcelle d’épithélium pavimenteux stratifié, celui-ci subit la transformation cornée, il se kératinise.

C’est grâce à cette substance qui les imbibe et les enrobe que les cellules deviennent solides et élastiques.

Et c’est grâce à ces 2 qualités principales, solidité et élasticité, qu’elles peuvent former à la surface de notre corps un revêtement protecteur.

La kératinisation

La kératinisation s’achève dans la couche cornée où les cellules, aplaties, ne présentant pus que des traces de leur noyau.

Fortement déshydratées, elles ne forment plus qu’une couche de kératine molle, remplie de graisse, la graisse cutanée qui s’oppose à l’évaporation et confère à la couche cornée sa souplesse.

L’état de dessèchement de la couche cornée est favorisée par la déshydratation : elle ne contient que 10 à 15 % d’eau, contre 70 à 72 % dans les tissus vivants de la couche germinative et de la couche papillaire du derme.

Dans les assises tout à fait superficielles de la couche cornée, la partie nommée, couche desquamante, les cellules se détachent et sont abandonnées dans le milieu ambiant.

Ainsi s’achève cet extraordinaire processus de la kératinisation, par lequel la cellule « passe de l’état d’un élément volumineux, turgescent, à noyau actif, à celui d’un sac aplati, constitué par une paroi de kératine et renferment de la graisse ».

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