La peau : absorption , assimilation et imbibition

On ne peut pas considérer, à notre avis, que l’absorption représente une fonction de la peau, puisque son rôle capital est justement d’empêcher qu’une substance étrangère la traverse et pénètre à l’intérieur de ses tissus.

La peau ne présente, en réalité, qu’une possibilité d’absorption, possibilité que tout de monde se doit de bien connaître.

Le mot « absorption » sert en physiologique à désigner « une série d’actes par lesquels les substances qui étaient extérieures à un organisme vivant pénètrent sans lésions traumatiques, dans l’intérieur de cet organisme ».

Il est importe d’établir une distinction entre :

  • l’absorption transcutanée, proprement dite, qui implique la diffusion de la substance dans différentes couches de la peau et même au-delà, dans toute l’économie organique, par le circuit sanguin et lymphatique
  • l’assimilation cornée, étrangère à la première, représentée par la combinaison directe de certains constituants des produits de beauté avec la kératine formant la couche cornée de l’épiderme
  • l’imbibition de la couche cornée au moyen de préparations qui provoquent son gonflement

L’absorption transcutanée

Structure de la peau

Structure de la peau

On désigne sous le termes de : absorption cutanée ou transcutanée ou diadermique ou bien encore percutanée et transfolliculaire, le phénomène par lequel une substance donnée :

  • traverse la couche cornée de l’épiderme
  • pénètre dans le derme
  • diffuse dans l’économie organique par le circuit sanguin

L’absorption transcutanée à été controversée pendant très longtemps.

Malgré l’usage empirique des onguents et des pommades chez tous les peuples, on niait jusqu’à une époque relativement récente la possibilité pour le tégument externe de se laisser traverser par une substance médicamenteuse.

C’est en 1947 seulement, que paraît en France, dans le « journal de Physiologie » un des premiers documents scientifiques de langue française sur le problème de l’absorption cutanée sous la double signature de G. Valette et de R. Cavier.

Ils dissipèrent tous les doutes et démontrèrent par quel mécanisme et dans quelles conditions elle peut être réalisée.

Ce texte, ainsi que les expériences et les publications entreprises depuis par G.Valette, professeur à la Faculté de Pharmacie de Paris, demeurent en France les bases scientifiques du phénomène de l’absortion transcutanée, phénomène complexe, mais dont la connaissance, ne serait-ce que dans ses grandes lignes, est indispensable, depuis la multiplication des produits de beauté, dit biologique.

En utilisant la documentation de ce savant, parue dans « la Gazette Médical de France », sous le titre « Les conditions Physico-chimiques de l’absorption cutanée », nous allons nous efforcer d’exposer le plus clairement possible à l’Esthéticienne par quelles voies et par quels moyens peut avoir lieu la pénétration des produits de beauté dans la couche cornée de l’épiderme et au delà de cette couche, et de quelle manière on peut réaliser ainsi la stimulation et la régénération du tissu cutané.

L’assimilation cornée

Le biologiste J. Przylecki, s’insopirant des travaux de Machebeuf, publiait en 1937 dans les « Comptes rendus du IV Congrès de Chimie Biologique » le résultat de ses essais sur les combinaisons possibles des protéines avec certains corps organiques et inorganiques.

Or, la kératine, substance principale de la couche cornée, étant une scléroprotéine, les techniciens des Laboratoires Gattefosse étudièrent ce combinaisons pour des préparations cosmétiques et observèrent des modifications intéressantes de certaines caractéristiques cutanées.

On peut fixer des corps gras sur la kératine et la maintenir dans un certain état d’humidité en lui faisant absorber des graisses ou des constituants gras hydrophiles.

Les produits de beauté qui contiennent ces corps s’insèrent entre les cellules aplaties en font corps avec les lipides naturels.

Ils contribuent aussi à donner à la couche cornée une certaine turgescence.

Les peaux fines, sèches, délicates et sensibles aux intempéries sont les grandes bénéficiaires de l’assimilation cornée.

Un exemple d’assimilation cornée nous est fourni par les « brunisseurs magiques », qui procurent en quelques heures et sans exposition préalable aux rayons solaires l’équivalent du hâle naturel.

Ces produits sont à base de Dihydroxy-Acetone ; il ne s’agit pas d’un colorant, ni d’un facteur favorisant la pigmentogénèse, mais d’une substance qui se combine avec les acides aminés de la kératine et lui donne une coloration brunâtre résistant aux lavages.

Elle disparaît au bout de quelques jours, au fur et à mesure que se produit l’élimination normale, physiologique des cellules cornées ou lorsque l’esthéticienne, à l’occasion d’un brunissage mal exécuté, laissant des zébrures, fait l’application d’un peeling léger, du type « coup de gomme » et enlève la couche desquamante colorée par le phénomène de l’assimilation cornée.

L’imbibition de la couche cornée

Le problème de l’imbibition de la couche cornée a été exposé par Marcel Gattefosse à l’occasion d’une de ses conférences.

L’aspect des couches les plus externes de la peau jouent en rôle de la plus grande importance sur la beauté du visage.

Voici ces couches :

  • la couche cornée « stratum corneum »
  • la couche desquamante « stratum disjunctum »

La couche cornée est constituée, vous le savez, de cellules kératinisées, aplaties, déshydratées, liées entre elles par des matières grasses.

Lorsqu’on regarde au microscope elle montre les aspérités de ces cellules dont certaines sont en voie de desquamation totale.

Or, c’est bien la vision de cette couche qui procure à l’interlocuteur une sensation agréable ou désagréable selon qu’elle est rugueuse, écailleuse ou, au contraire, parfaitement lisse et légèrement pigmentée.

La vieille coutume du brossage confirme ce point de vue, puisqu’elle permet la disparition de la couche desquamante et fait apparaître une couche plus unie.

Néanmoins, débarrassée par un moyen quelconque des cellules des desquamantes, la couche cornée ne présente cependant pas toujours une harmonie de surface et de couleur.

Pour l’obtenir il faut faire appel au facteur d’hydratation, le plus important parmi ceux qui contribuent à donner à la peau de l’adulte un aspect approchant de celle de l’enfant, que nous considérons tous comme le type idéale.

La majorité des produits de beauté modernes agissent sur l’apparence de la peau par la turgescence de l’épiderme, turgescence qui redonne à la peau flétrie ou rugueuse l’apparence souple et tendue tant recherchée.

L’eau contenu dans ces produit rendue active, mouillante, par l’addition de tensio-actifs et souvent additionnée en corps hydratants ou en lipides hydrophiles, imbibe facilement la couche cornée de l’épiderme et donne le résultat esthétique que vous souhaitons.

Il n’est donc pas nécessaire pour expliquer l’action de ces produits hydratants de faire appel immédiatement à des notions plus complexes, telles l’absorption percutanée.

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