Lésions provoquées par la décoloration

Selon Jacques Poirsons, « il faut reconnaître à regret que 80 à 90 % des cheveux décolorés sont des cheveux abimés, que ce soit par des arrivées d’oxygène trop brutales, un temps de pose trop long ou l’absence de soins convenables, « pré » et « post » décolorations ».

L’oxygène ne brûle pas seulement la « matière colorante » ; il mord et traumatise plus ou moins profondément la « matière-cheveu » elle-même.

Matériels de décoloration

Matériels de décoloration

Les effets de la décoloration

C’est naturellement la cuticule qui, étant en contact immédiat et prolongé avec le décolorant, fait les frais de l’opération.

Le cortex est plus rarement attaqué.

S’il vient à l’être, le cas est grave car, creusé dans la partie la plus solide de la kératine, le cheveu peut casser.

Tous ces phénomènes sont aggravés par dessèchement qui accompagne si souvent la décoloration ; le cheveu n’est plus revêtu de son enduit de sébum, il est privé de ce lubrifiant qui le protégeait, en partie du moins, et représentait « le pansement de ses plaies ».

Esthétiquement parlant, ce cheveu est lamentable ; et l’on n’arrive pas à comprendre que certains coiffeurs, pourtant avertis, considèrent comme une réussite le fait d’avoir obtenu un joli ton sur un cheveu dont la substance a été tellement atteinte.

Comment reconnaître la dégradation ?

Décoloration

Décoloration

A quoi reconnaît-on qu’un cheveu a été dégradé, c’est-à-dire attaqué et altéré dans sa kératine ?

  • au microscope, on voit des fendillements latéraux sur les longueurs et parfois, de minuscules lamelles de kératine qui se soulèvent ou se séparent de la tige à la suite, vraisemblablement, d’un fendillement
  • au « capilloscope », ces lamelles peuvent être visibles ; c’est une question de dimensions
  • mais il est très facile, en dehors de tout contrôle instrumental, de se rendre compte qu’il y a dégradation : le cheveu teint ou décoloré est souvent terne et rêche

Terne parce qu’il est desséché ; rêche parce qu’il existe à sa surface de nombreuses cellules cornées qui s’éliminent.

Nébuliser de la brillantine, ou pire encore, appliquer une laque sur des cheveux de ce genre ne doit pas être une solution pour le coiffeur « traitant ».

C’est là un procédé qui équivaut à « blanchir un sépulcre ».

La brillantine n’est souvent qu’une huile minérale hydrophobe qui donne un vernis, mais éloigne de la cuticule le peu d’humidité que le cheveu pouvait encore contenir ; la laque aggrave le dessèchement.

Qu’on laque une coiffure pour la fixer, c’est une opération des plus naturelles, des plus élémentaires même avec nos modes actuelles, mais qu’on commence par traiter le cheveu ; que la laque ne soit pas un corset qui soutient un cadavre ou un demi-cadavre.

Ajouter un commentaire