La décoloration : son but et ses effets

La décoloration a pour but de modifier la couleur des cheveux en les rendant plus clairs par des moyens chimiques.

On y parvient en provoquant une oxydation du pigment mélanique,  c’est-à-dire une décoloration de la mélanine elle-même.

Matériels pour la décoloration

Matériels pour la décoloration

Vous savez que la mélanine n’est pas « concentrée » seulement sur la surface du cheveu ; elle est répandue « un peu partout » dans la tige et surtout dans le cortex et la moelle.

Il faut donc que la préparation décolorante pénètre dans le cheveu et « brûle » le pigment là où il se trouve.

Vous comprendrez alors que la décoloration peut attaquer aussi la kératine dans laquelle est dispersé et intégré le pigment mélanique.

L’atteinte du décolorant s’exerce principalement sur la surface du cheveu, sur l’épidermicule qui représente la zone de contact : plus ce contact sera prolongé, plus l’imprégnation sera forte et plus les risques de dégradation du cheveu seront grands.

Selon les dires des spécialistes…

Un coiffeur, M Corbetta, a écrit, il y a bien des années déjà :

« nous sommes résolument contre les décolorations trop longues à produire leur effet… Pendant le temps de prise, le produit soulève des écailles, ramollit le cheveu, se faufile entre les cellules le constituant, et s’y loge tellement bien que le shampooing post-décoloration ne peut arriver à l’enlever complètement. Il arrive alors ceci : le décolorant qui reste fixé dans les cheveux est toujours susceptible de libérer plus ou moins rapidement son oxygène et celui-ci, sous l’action de la chaleur, lors du séchage de la mise en plis… continue son action décolorante par l’intérieur ».

Jacques Poirsons nous déclare sur ce sujet :

« Les liaisons disulfures sons sensibles aux agents décolorants ; leur rupture, la rupture d’un certain nombre d’entre-elles en tous cas entraîne la mobilité et le déplacement des chaînes longitudinales qu’elle soutenaient ; de minuscules espaces se forment dans le cheveu « décontracté », espaces qu’agrandit l’imprégnation massive et répétée par les liquides. La kératine est ainsi creusée, rongé et la substance qui n’est pas détruite est solubilisée et drainée hors du cheveu par le reflux des liquides et l’eau du shampooing. La porosité particulière au cheveu décoloré est due à ce travail de corrosion interne. Est-ce tout ? Non, car l’épidermicule ne souffre pas moins que les zones corticales et médullaire. C’est sur l’épidermicule que sont appliqués liquides et cataplasmes ; c’est lui qui leur sert de voie de transit vers l’intérieur : il est logique de penser qu’il est aussi imprégné; sinon plus, que le cortex et la moelle ».

Le contrôle microscopique du cortex et de la moelle présente quelques difficultés parce qu’il suppose une préparation du cheveu, mais celui de l’épidermicule se fait par examen direct.

Les effets de la décoloration

Décoloration

Décoloration

Que montre-t-il dans le cas de cheveux très décolorés et non soignés ?

Il montre, à certains endroit de la tige, de minuscules fragments de kératine qui se soulèvent : ce sont les cellules plates ou écailles de l’épidermicule qui se séparent de la masse.

Parfois, sans s’en séparer vraiment, elles s’en écartent : on sent que l’oxydation les a durcies et figées dans cette position.

Elles ne se sont pas « renfermées », comme disent les coiffeurs.

Le cheveu est alors rêche ; il est de plus terne, car sa surface n’étant plus lisse, ne peut plus réfléchir la lumière.

Mais il convient d’ajouter que les modifications chimiques qu’il a subit contribuent à son manque d’éclat ; un cheveu, bien qu’intact physiquement, peut être terne s’il est en mauvaise santé lui ou le sujet qui le porte.

Existe-t-il un critère certain qui permette de savoir qu’un cheveu n’a pas été totalement « purgé » de son décolorant ?

Il est difficile de répondre à cette question, et cependant, il fallait la poser.

Cela dépend de différents facteurs : température extérieure et proportion de décolorant retenu par les fibres de kératine, principalement.

Il est un cas où l’on peut être affirmatif : vous avez cité un passage de M Corbetta sur les décolorations qui se continuent « par l’intérieur », sous le séchoir.

« M Corbetta n’est pas allé jusqu’au bout de son raisonnement ; la décoloration, en effet, peut se poursuivre sous le casque… et bien après le passage sous le casque, pendant 24 ou 48 heures encore dans certaines conditions.

Ces décolorations « post-opératoires », si l’on peut dire, sont perçues même par la cliente qui revient montrer ses cheveux a salon.

A qui l’aventure n’est-elle pas arrivé ?

Il est de bonne politique dans ce cas de répondre que le coupable, c’est l’oxygène de l’air. C’est ingénieux, mais faux : le coupable, c’est l’oxygène qui est resté captif dans le cheveu.

Le chiffres suivants, qu’on emprunte au docteur E. Sidi, imagent d’une manière très vivante la dégradation progressive des cheveux décolorés :

  • cheveux naturels : 10 à 100 Gr
  • cheveux légèrement décolorés 60 à 90 Gr
  • cheveux moyennement décolorés 50 à 60 Gr
  • cheveux fortement colorés 35 à 50 Gr

Il n’entre pas dans le cadre de votre travail d’ouvrir un débat sur les mérites comparés des différents volumes d’oxygène et des divers temps de pose utilisés.

On estime d’ailleurs, que ce débat n’a pas à être ouvert, la preuve étant faite depuis longtemps que :

  • plus le volume d’oxygène est élevé, moins le cheveu est abîmé
  • plus le temps de pose est long, plus la kératine risque d’être dégradée, l’imprégnation du cheveu par le décolorant ayant été d’autant plus importante

L’ennui, c’est que l’emploi des forts volumes se trouve  limité par leurs effets irritants sur le cuir chevelu. Notons qu’on rencontre des cuirs chevelus qui sont sensibles à des eaux oxygénées relativement faibles.

A titre de documentaire, on rappelle ici que :

  • 1 cc d’eau oxygénée à 10 volumes libère 10 cc d’oxygène
  • 1 cc d’eau oxygénée à 20 volumes libère 20 cc d’oxygène
  • 1 cc d’eau oxygénée à 50 volumes libère 50 cc d’oxygène…

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